samedi 10 octobre 2015

1955 - 2015   
60° ANNIVERSAIRE 

DS Citroen


C'est au printemps 1955 que le voile fut levé sur ce qui allait devenir le mythe automobile 

                                                                          "DS"


           




On évoquera toujours l'enthousiasme populaire, symbole de toute une époque, comme les réflexions de fins lettrés, n'oublions pas l'admiration que devait lui porter Le Corbusier qui voyait en elle, au regard d'autres,  carrément un signe de "civilisation". L'architecte  s'était par ailleurs intéressé très tôt à la firme en question avec la "maison Citrohan" et de ce fait ne pouvait rester insensible à tout ce qui "aérien" paraissait flotter au-dessus du sol ; sans que l'on sache s'il fit l'acquisition d'un de ces véhicules.

    
                                                                             



Cette automobile fut l'œuvre de deux ingénieurs et d'un styliste. André Citroën ainsi que la firme Michelin, ou le directeur de l'époque furent simplement ceux qui croyaient en l'avenir, et aimaient les projets audacieux, sans trop calculer...






 Il y eut donc trois créateurs ; il aurait pu y en avoir quatre là aussi...

André Lefebvre était issu de Sup Aéro, et pouvait apporter notamment l'expérience des freins à disques qui équipèrent en premier lieu des avions; comme sur la 2CV, ils furent mis seulement à l'avant et en sortie de boîte ! procurant à l'aide du "champignon", de la sphère spéciale "réserve d'urgence", et de la répartition par lien avec la suspension, un freinage qui aujourd'hui encore demeure exceptionnel en efficacité et
en stabilité. L'aéronautique étant aussi le creuset expérimental de l'hydraulique, ce grand ingénieur fut justement secondé en ce domaine par Paul Magès. pour réaliser un mode de suspension "oléopneumatique" inégalable et inégalée à ce jour, basée sur la combinaison Huile/Azote, et une répartition constante entre les quatre roues assurant le meilleur compromis possible entre confort et performances, entre amortissement et débattement  à grandes et petites vitesses du véhicule ; on en retrouve de nos jours l'esprit jusque sur les chars de combat Leclerc pour la stabilité des "tirs en mouvements". Mais ce système est onéreux... Ruineux pour la firme fut aussi le système "catalogue" novateur offert au client pour choisir des combinaisons d' éléments pré-colorés... Mais quand il s'agit de beauté pourquoi compter ! 
Ainsi, malgré 1 Million et demi d'exemplaires vendus sur deux décennies, les bénéfices ne furent jamais au rendez-vous... 










Reste, ce qui malgré tout demeure,... Car rien n'aurait été aussi parfait sans le coup de crayon, et le geste dans la glaise de celui qui plus qu'un styliste était un artiste : Flavio Bertoni ; à qui l'on devait déjà la carrosserie de la "Traction", de la 2 CV, plus tard de l'Ami 6. Ce fut là un geste qui restera à jamais dans l'histoire de l'automobile, mais pas seulement ... Symbole de "l'aérodynamisme", facteur négligé à l'époque, mais qui était appelé à devenir une préoccupation majeure des constructeurs, de nos jours. Avoir seulement le privilège de voir dans le flot actuel d'automobiles  standardisées passer une "DS" demeure quelque chose de Royal... Vite, suivez-là comme une superbe et agile Princesse... mais attention, pas trop près!













Inutile de dire que la DS autant que sa variante "économique" l'ID, allait bénéficier de la motricité "traction avant" que le fondateur de la marque n'avait pas plus inventé que le reste, mais dont il avait eu l'intelligence d'acquérir le brevet en Tchécoslovaquie et qu'il allait éprouver oh combien! sur les légendaires modèles 11Bl et 15 Six. Reste que sur la DS il sera porté presque au paroxysme avec un rétrécissement de quelques centimètres de la largeur de voie arrière (le summum en la matière sera atteint sur le modèle suivant CX, avec la mise en travers du moteur accentuant ainsi la charge sur le train avant, tout en
libérant l'empattement)

On regrettera donc toujours que ce véhicule futuriste ait seulement hérité du moteur de ladite "Traction", et que les projets du 6 cylindres à plat refroidi par air du sorcier Walter Becchia (sur le mode de celui, diabolique en rendement pour l'époque et la cylindrée, qu'il avait déjà conçu pour la 2CV) manquèrent toujours de financement et de sous-traitance industrielle, y  compris lors de la nouvelle venue: la  CX. Mais le grand patron n'aimait guère les moteurs à pistons qu'il appelait les "tournebroches" et rêvait d'un autre mode de propulsion (?)... silencieux. De 1950cm° sa cylindrée allait être portée à 2350, et associée pour la première fois à une gestion électronique de l'injection d'essence, avec le vaisseau amiral DS 23ie Pallas qui atteindra la vitesse maximale de 189 km/h, et qui devait clôturer au début des années 70 une aventure commencée vingt ans plus tôt. Certains modèles  comme la DS 21 avaient été équipés du compresseur Constantin.






Mais cette histoire est finie, qu'on ne s'y trompe pas. Aujourd'hui  le "design" a remplacé le Style, et le marketing maquille des renommées.  Et Citroën, premier constructeur européen avant-guerre, n'est guère plus qu'un supplétif, jusqu'à être privé de son fameux mode de suspension attaché à son image. Oui, plus qu'une marque parmi d'autres,  à la recherche de son âme perdue.                                                                






                                              

                                                                

   






                                                                                                          





  







samedi 19 septembre 2015

LOUIS   ALTHUSSER

(suite....)

 Louis Althusser - Lire le Capital /édit Maspero 1965


50° anniversaire de "Pour Marx" et "Lire le Capital"




                                Marc Solitaire : Louis Althusser - Huile sur bois & papiers collés /60 + 80 cm



 Marc Solitaire : Louis Althusser et l'Italie - Huile sur bois/ 60 + 80cm














 







Marc Solitaire : Louis Althusser - Huile sur bois/ 80cm + 60cm
 
 

samedi 12 septembre 2015

50°... Le Corbusier  (suite)




On se souvient de la municipalité zürichoise  (championne de la "gaypride"), renonçant à la fin de l'année 2011 -en cédant au chantage- à baptiser une place près de la gare centrale du nom d'un de ses compatriotes : Le Corbusier...
 
 
On saluera la ville de Moscou d'avoir eu l'attention cet Eté (Août 2015), en faisant fi des pitoyables polémiques de farfelus instrumentalisés, de dédier à cet architecte une statue au 39 de la rue Miasnitskaya ; face au Centrosoyuz !
(justement là, où en son temps, Le Corbusier avait essayé d'implanter une de ses sculptures)
 
 

 
 
 
L'œuvre d'Andréii Tyrtychnikov ne fera peut-être pas oublier le terrible "raté" du Concours pour le Palais de Soviets il y a plus d'un demi-siècle, ni ne s'inscrira sans doute pas au firmament de l'Art, mais dans sa modestie elle s'inscrit en tout cas contre le prétendu "dialogue interculturel" et le vrai maculage patrimonial que le Katastrophic Kapoor à cette même date répète -avec bénédictions de surcroît...- au Couvent Sainte-Marie de La Tourette (Eveux- sur-Arbresle).
 
A cet égard rappelons que si les propriétaires des lieux sont sans doute libres de faire ce qu'ils veulent (la chose vaut pour Buren sur la toit-terrasse de la Cité Radieuse), Le Corbusier pour sa part avait refusé sans appel ! à son grand ami F. Léger de réaliser des fresques dans ses bâtiments,... ne croyant en rien à ce mythe profond de "l'interdisciplinarité"...
 
Et son immense probité -celle qui, à la différence de bien de nos contemporains "high Tech", le faisait vivre et le vit mourir dans ce qu'il bâtissait- fut aussi de ne point chercher à briller en bâtissant à l'ombre de l'Acropole ou au pied de la Tour Eiffel... Et parce que les grands sites, très curieusement, on les lui refusera toujours, le sommet d'une colline perdue au fin fond de la France, une clairière abandonnée, un bout du Paris de la misère, un morceau de rocher en bord de mer sous une voie de chemin de fer... devaient lui suffir à écrire une des pages les plus nobles de l'histoire de l'Art :
 
"Hier, grande journée. C'était très beau... l'objet, la maison, est une des grandes œuvres de l'architecture (à n'importe quelle époque). C'est émouvant de jour et magique la nuit..."
                                                                                                                                                           Lettre à sa mère du 13-11-1952 cité dans Le Corbusier le Grand
 
 
 


 
 
 

dimanche 3 mai 2015

50 ° ANNIVERSAIRE.....................................................................

....................................................... LE CORBUSIER  VIVANT !!






 de  P A R I S     à    V E N I S E











                                                                                                 

 http://sol-t-air.fr




samedi 2 mai 2015

                           50°  Anniversaire  de  la  mort  de   LE  CORBUSIER

                                                            (1887 - 1965)                                             
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Marc Solitaire - LE  CORBUSIER : Le don de Jeanneret et les Dons de Froebel - ETHZürich/1998 - 760 pages -21+29.7


     Marc Solitaire - LE CORBUSIER : Le don de Jeanneret et les Dons de Froebel - ETHZürich







vendredi 20 mars 2015

                                          Après CELINE - 2011 . . . . ALTHUSSER                                             

                                                 "célébrations nationales 2015"

                                                         LOUIS  ALTHUSSER
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                           Cinquantième anniversaire de la parution de :

                                    "Pour Marx" et "Lire le Capital"

                                          collection "Théorie" - éditions Maspero

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L.  Althusser,   LF.  Céline  &  la  rue  Lepic . . . .


                                                                          §




                                                                                         Gen PAUL. La rue LEPIC


                                                                              §



"Pourquoi écrire un livre ? Ce livre ? Et lui donner ce titre : D'une nuit l'aube ?
Si vous permettez, je commence par la fin : par le titre (et la sous-titre).
D'une nuit l'aube, ça fait bien sûr penser à Céline, qui a bousculé la syntaxe et la grammaire, quand, pour raconter ses incroyables histoires de Sigmaringen, où Pétain et toute sa clique s'était réfugiés, enfuis de France, pour se mettre sous la protection des nazis et à l'abri de la Résistance, il a donné pour titre à son livre : D'un château l'autre (faisant ainsi violence à la syntaxe de la langue française qui exigeait, imposait, qu'on écrivît: "à", tout simplement, mais il n'en est pas resté là, il a bousculé bien d'autres règles de notre sacro-sainte grammaire, dont on ne voit du tout pourquoi faudrait qu'on respecte jusqu'à plus soif toutes les manies héritées de personne ne sait quelle histoire,...
..../....
Bousculer la langue, oui. Mais je n'écrirai pas comme Céline, qui la bousculait pour se faire plaisir à lui tout seul, et aux intellectuels et autres qui voulaient s'en donner le frisson, de lire une langue jetée sur le papier d'un livre (Voyage au bout de la nuit, etc.)...
..../....
Donc, je n'écrirai pas comme Céline, mais quand même faut reconnaître que Céline est bien un des rares à donner l'envie d'écrire en bousculant la langue. Non. J'écrirai, ou plutôt je tenterai d'écrire un peu comme Piaf chantait. Elle aussi bousculait la syntaxe et la grammaire et le vocabulaire, mais elle y ajoutait quelque chose que le peuple a dans les tripes, le ton, et dans le ton le changement de ton,...
..../....
Pourquoi ce titre, donc : D'une nuit l'aube ? Pas célinien puisque rien d'escamoté, puisque seulement une inversion dans les mots: lire "l'aube d'une nuit", mais j'écris à l'envers pour montrer que c'est d'une nuit qu'on se tire et que voici l'aube, qui le prouve. La nuit, ma nuit, je ne la raconterai pas, on a chacun la sienne, faut savoir que la mienne dure depuis tant d'ans, à les compter par plusieurs fois dix.
Faire voir la nuit. Peut-on faire voir la nuit ? faire comprendre, ou sentir, ou comme on voudra ce que c'est que nuit, et après tout ce n'a jamais été que la mienne et celle que j'ai infligé à mes proches, la souffrance à jamais cicatrise sur les visages aimés haïs aimés à ne plus se regarder dans aucune glace qui soit. Non. Je préfère en donner une idée, indirecte, en racontant deux trois histoires vraies et connues de certains.
..../.... (436-441)


C'est alors que je fis la connaissance d'Hélène.                                                                       
                                                                           XI
Un soir de [janvier 1946], Paris couvert de neige, Lesèvre m'invita à rendre visite à sa mère, qui était rentrée de déportation dans un triste état, dans son appartement du haut de la rue Lepic. Je me revois encore traverser au côté de lesèvre, qui parlait pour deux, le pont enneigé de la Concorde.
Il me parlait de sa mère. C'est alors qu'il me dit: "Tu verras aussi Hélène, une très grande amie, elle est un peu folle mais elle est tout à fait extraordinaire par son intelligence politique et la générosité de son cœur." Un peu folle ? Que pouvait-il bien vouloir dire après de tels éloges ? "Nous la retrouverons au bas de la rue Lepic au sortir du métro."
Effectivement elle était là, nous attendant dans la neige. Une femme toute petite, emmitouflée dans une sorte de manteau qui la dissimulait presque entière. Présentations. Et aussitôt en marche vers le haut de la rue Lepic, sur les trottoirs verglacés. Mon premier mouvement d'instinct, fut de lui prendre le bras pour la soutenir et l'aider à gravir la pente. Mais ce fut aussi, sans que j'aie jamais su pourquoi (ou plutôt je ne le sais que trop : un appel d'amour impossible, doublé de mon goût pour la pathos et l'exagération des gestes) de glisser aussitôt sous son bras ma main vers la sienne, et prendre sa main froide dans la chaleur de la mienne. Le silence se fit, nous montions.
Je garde un souvenir pathétique de cette soirée. Un grand feu de bois flambait dans la cheminée...
..../....
Je perçus quand même en elle une douleur et une solitude insondables et crus comprendre après coup (mais ce n'était pas vrai je l'ai dit) pourquoi j'avais, rue Lepic, mis sa main dans la mienne. Dès ce moment je fus saisi d'un désir et d'une oblation exaltantes : la sauver, l'aider à vivre ! Jamais dans toute notre histoire et jusqu'au bout, je ne me suis départi de cette mission suprême qui ne cessa d'être ma raison à l'ultime moment.
Imaginez cette rencontre : deux êtres au comble de la solitude et du désespoir qui par hasard se retrouvent face à face et qui reconnaissent en eux la fraternité d'une même angoisse, d'une même souffrance, d'une même solitude et d'une même attente désespérée.
Peu à peu, je devais apprendre qui elle était.... (133-135)

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